Comment est né le tatouage éphémère décalcomanie ?
Les tatouages temporaires font partie de notre vie quotidienne. Toute bonne influenceuse se doit d'en porter, tout comme les stars de la musique et du cinéma qui n'hésitent pas à lancer leur propre collection. Les tatouages dessinés au henné, au jagua ou encore à l'encre australienne ont été inventés par des peuplades anciennes, à différents endroits du globe (Maghreb, Moyen-Orient, Inde, Amazonie, Australie) il y a des siècles de cela. Par contre, le tatouage décalcomanie, qui se pose facilement sur l'épiderme et qui est une alternative crédible au tatouage définitif, a une histoire beaucoup plus récente que nous avons eu envie de vous raconter dans cet article !
La fin des années 1800
Les tatouages éphémères décalcomanie n'auraient jamais vu le jour sans l'invention, autour des années 1870, du papier transfert, par un éminent graveur français, du nom de Simon François Ravenet, exilé en Angleterre. À l'époque, il travaillait pour une fabrique de Chelsea spécialisée dans la décoration de porcelaine fine. Avec cette invention, il facilita le travail de peinture et contribua à mettre en place une production en série.
Cracker Jack au début des années 1900
Au début des années 1900, les tatouages permanents ont très mauvaise réputation : seuls les marginaux, les gangsters et/ou les prisonniers en portaient. Pourtant, les enfants rêvaient tous d'en avoir un pour jouer aux méchants avec leurs camarades. C'est devant ce constat que le fondateur américain de la marque de pop-corn Cracker Jack a eu une idée lumineuse : créer des tatouages provisoires adaptés aux enfants, en s'inspirant de la décalcomanie (technique qui était à présent maîtrisée) et les glisser dans chaque paquet de pop-corn distribué à travers les États-Unis. Le succès fut immédiat et rapidement, tous les enfants du pays portaient fièrement leur tatouage de pirate et/ou de baleine, les 2 motifs proposés à l'époque. Pas de très grande qualité, ces tatouages étaient très fragiles et ne résistaient pas à l'eau ni aux frottements. Ils utilisent des encres de synthèse, ce qui les différencient des tatouages au henné, jagua, ou encre australienne qui eux utilisent des encres naturelles.
L'évolution jusqu’aux années 70
Pendant près de 60 ans, il n'y eut pas beaucoup d'évolution, jusqu'aux années 70 où les jeunes se révèlent et décident d'afficher leurs idées et leurs idoles sur leur peau au moyen de tatouages décalcomanie. Les tattoos stickers sont alors distribués dans les stades, dans les paquets de cartes de sportifs à collectionner, ou encore dans les cinémas : les adeptes des dents de la mer, d'Alien ou de Star Wars pouvaient alors s'identifier et former des groupes de fans. C'est également à cette époque que les malabars commencent à offrir des tattoos transfert dans l’emballage de leurs chewing-gums, avec des motifs jouant plutôt sur l'ambiance de l'époque qui prônait la paix et l'amour (peace and love).
Les années 80
La petite révolution dans les années 80, c'est l'invention du tatouage Scratch-n-sniff, un tattoo nouvelle génération qu'il suffit de gratter pour qu'il dégage une odeur plus ou moins bonne selon les motifs. Cette prouesse a été possible grâce à un système de micro-encapsulation de molécules odorantes intégré à l'encre.
Les années 90
Dans les années 1990, on assiste à l'explosion de la culture POP avec l'arrivée dans nos vies de l'univers japonais des mangas, notamment dans les dessins animés : Goldorak doit céder sa place à Sakura, One Piece, Dragon Ball et autres Pokémons dont les jeunes raffolent. Les petits tatouages provisoires inondent le marché pour le plus grand plaisir des jeunes. Ils sont à présent waterproof pour tenir plus longtemps, les motifs sont plus recherchés et les couleurs sont vives et pimpantes. Par contre, les encres ne sont pas toutes hypoallergéniques, ce qui vaut quelques réactions cutanées sur les épidermes les plus fragiles. Point positif: ils ne nécessitent pas de temps de séchage contrairement aux tatouages au henné. On peut les utiliser de suite comme il s'agit d'un simple transfert sur la peau. Bien évidemment, il n'est pas possible d'utiliser de pochoirs dans le cadre d'un tattoo décalcomanie. Par contre, un simple papier calque et un stylo à encre gel permet de réaliser soi-même des tatouages éphémères décalcomanies (sans aucune injection dans la peau).
Les années 2000
Depuis les années 2000, la femme en a eu ras les couettes de ne pas être l'égal de l'homme et s'est émancipée : elle a désormais envie de faire un peu ce qu'elle veut de sa vie sans avoir de comptes à rendre à un homme. Du coup, à elle le monde des tatouages qui ne lui était pas très ouvert jusque-là. Afin de pouvoir changer de motif à sa guise, la jeune femme libérée adopte les tatouages éphémères transfert pour mettre sa peau en valeur. Les motifs se multiplient, et les tatouages sont à présent de toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Ils peuvent être faits aussi bien chez soi que dans un salon de tatouage, ou même à l'occasion de grands festivals de musique lors desquels des tatoueurs réputés sont conviés pour le plus grand plaisir de tous. Contrairement au jagua, les tatouages éphémères décalcomanies s'enlèvent en un clin d'oeil grâce à différentes techniques.
Dior en 2015
En 2015, la maison Christian Dior propose à ses clientes des feuilles de tatouages décalcomanie de bijoux dorés à l'or fin, vendues au prix de 90 euros. Les starlettes et autres influenceuses trouvent l'idée bonne et se mettent toutes à sortir leur propre gamme de tattoos transfert à des prix un peu plus abordables, afin de partager leurs motifs préférés avec leur communauté de followers.
Ce type de tatouage, qui ne nécessite pas d'injection ni l'utilisation d'un dermographe, peut être utilisé par toutes les tranches d'âge, même s'il est préférable d'attendre que les enfants aient au moins 3 ans pour leur en appliquer un. Par contre, il est conseillé d'observer la plus grande vigilance à propos de la liste des ingrédients contenus dans l'encre d'impression avant de la poser sur votre peau afin d'éviter toute allergie. Les dermatologues recommandent notamment de traquer la moindre trace de PPD (paraphénylènediamine), une substance responsable de nombreuses allergies capable de pénétrer dans l'organisme à travers le derme.